Rétrospectivement, cette période de jachère dans ma pratique artistique a été nécessaire pour m'affranchir des réflexes limitants et des barrières mentales liés aux contraintes du travail au service des marques, et l'entreprenariat m'a permis de retrouver inspiration et énergie en conceptualisant, rénovant, et décorant un établissement de 3 appartements avec piscine intérieure, en construisant ma propre maison, et en transformant une friche de 2000m2 en un magnifique jardin méditerranéen paysagé. J'ai également expérimenté un métier exigeant à forte dimension humaine, travaillé pour ma propre marque, conçu son identité et ses outils de communication de A à Z.

Pendant 6 ans j'ai enfin appris à travailler la terre, dans tous les sens du terme, en tant que medium artistique mais également comme matrice de culture paysagère et potagère. L'apprentissage lent et patient du tournage comme du jardinage m'ont ainsi permis de mûrir une nouvelle approche instinctive de la pratique artistique et d'assumer pleinement sa dimension artisanale en m'affranchissant de la dépendance à l'outil informatique et en me libérant de l'urgence de plaire à tout prix aux dépends de mes besoins fondamentaux. 

En 2019, un stage AFDAS de décor sur céramique avec la céramiste Chantal Césure m'a confirmé l'intuition d'un pont entre mon métier d'illustratrice et ma passion grandissante pour la discipline. L'année 2020 fut déterminante : Un voyage à Bali en début d'année m'a permis de participer à un premier workshop au Gaya Ceramic Arts Center, puis, à la faveur du confinement et des périodes de fermeture imposée, à reprendre la peinture, le dessin et à apprendre la linogravure. Cette période de Covid m'a redonné la force de croire à nouveau à ma capacité de vivre de mon art.

En 2021, le moment est donc venu de changer de vie à nouveau, pour m'y consacrer pleinement. Mon conjoint étant également porteur d'un projet de guitar shop,  cette décision implique de tourner la page de notre vie à la campagne pour nous rapprocher d'un environnement plus urbain et propice à nos objectifs : La bouillonnante Sète, ville de G. Brassens, A. Varda et P. Soulages, s'impose alors comme une évidence pour y poser nos valises.

Notre établissement gardois vendu, nous troquons à l'été 2021 notre confortable vie dans la garrigue contre une vieille maison sétoise disposant du potentiel pour accueillir, après travaux, mon atelier de céramique. La rénovation est en cours et je poursuis, en attendant, en parallèle de mon travail de peinture, ma formation à l'école des Beaux-Arts de Sète où je suis les cours de sculpture contemporaine, céramique et dessin académique.